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19 novembre 2007

Les paroles du vieux monsieur(2)

J’avais quinze ans. Donc lui en avait quarante cinq. Il habitait toujours au même endroit. Ma cousine aussi. J’avais à l’époque connu une demoiselle, du même âge que nous, c’et ma cousine qui me l’avait présentée. Nous nous entendions à merveille, courions ensemble dans les champs, jouions près de la sapinière, pendant l’été. Mais nos préoccupations changeaient… et nos sentiments aussi…

Puis, un jour, ma cousine m’annonça, gênée, que C… ne viendrait plus quand je serais là ! Je lui demandai pourquoi et elle ne sut (put ?) pas me répondre. J’étais à la fois offusqué et déçu. Je quittai ma cousine sur un mouvement de colère puis m’attardai dans la rue, préoccupé et triste. Il était assis sur son banc. « Tu ne t‘amuses pas, aujourd’hui ? ». Mais, s’apercevant de mon air maussade : « Viens voir là toi ! Ça ne va pas, hein ? ». Je ne me fis pas prier et j’entrai dans sa cour et lui fit part de ma déception. Il se ménagea un temps de silence puis il me dit : « C’est peut-être parce que ses parents l’ont mise en garde… vous êtes jeunes. Ils se font des idées ». Mais je restais renfrogné et silencieux.  « Je vois, assura-t-il. Tu sais, ce genre de sentiment, c’est tout beau au début. Elle était comme toi, contente et gaie. Puis viennent les questions, même pour des jeunes, c’est inévitable. Elle ne s’est pas reconnue dans ce genre de sentiment, alors elle a décidé de tout arrêter maintenant ». J’opinai, mais je n’y comprenais pas grand-chose ! « Elle aurait pu me le dire, non ? » Il fut surpris par mon ton agressif. « Calme toi, parfois elles ne trouvent pas les mots pour ces choses là… peut-être que toi non plus d’ailleurs. Allez, viens, je t’offre l’apéro ! » Il rit en voyant mon visage ébahi : « … je ne bois pas d’alcool… ». « Viens ! » C’est ce jour que j’ai bu mon premier apéritif, un guignolet kirsch que je trouvai savoureux. Je ne sais pas s’il y avait une leçon dans tout ça. S’il y en avait une je me demande laquelle et je ne pense pas que je la comprendrais, même aujourd’hui.