30 janvier 2006
A-philosophie 3
Suite...
Dès la naissance, nous faisons notre entrée dans la cité. Et de cela nous ne sommes pas non plus responsables. Immédiatement il y a confrontation à l’autre et donc à la communauté. La « connaissance » commencerait à la naissance. Est-ce à dire qu’au premier instant nous sommes happés par un destin ? Faut-il interroger Socrate ? L’existence dans le groupe, nécessité ? En tout cas, réalité. Faut-il interroger Sartre ? Le destin n’est pas engendré en même temps que la naissance, le destin ne s’explique pas non plus par elle car le destin n’est pas. Parce qu’il n’est qu’un concept et qu’un concept n’existe pas. Si je vis dans la communauté, je n’ai aucune obligation de l’accepter, de l’intégrer, de subir ses lois. Des lois que je n’ai ni faites ni évaluées. Elles ne sont pas ma certitude, même si elles le sont pour d’autres. Que je les fasse miennes ou non, que je décide de m’intégrer ou non, ce sera par suite de mon choix. Il est à noter qu’aucune loi ni aucune règle ne sont édictées par d’autres que les hommes. Il n’y a donc pas de destinée. Notre destin, si destin il y a, n’appartient qu’à nous. Nous sommes à plus de cent lieues du déterminisme que certains croient pouvoir donner comme explication à l’existence. Nous imaginons, dès lors, toutes les possibilités de choix d’existence à partir de ces constats somme toute amers et, peut-être aussi, cruels. Inutile d’en souffrir puisque tout est affaire de choix.
Mais revenons à la « connaissance ». Pour respecter l’étymologie, il s’agirait de « naître avec », or, par nature, cela est impossible. Par extension, on pourrait expliquer qu’il existe une interaction entre l’individu et l’ « autre » ( un autre, les autres ), une rencontre ou une confrontation avec le monde ( les éléments, la nature ). Mais alors, pourquoi donc les prophètes et les philosophes ont-ils inventé ce mot ? Par glissement, nous pourrions accepter l’expression « naître à ». Dans ce cas, ce serait le point de départ de l’acquisition, puis ensuite le corpus de l’acquis et de l’expérience, ce qui paraît plus compréhensible. Acquisition par les sens, l’intelligence et la pratique : expérience et savoir ; acquisition réactive : savoir faire. Le langage commun comprend le mot « connaissance » comme un savoir et l’y assimile. Soit. Mais nous trouvons bien là, comme je l’ai souligné plus haut, une preuve que la création d’un langage, revêtu d’une sorte de « technicité », éloigne du monde plutôt qu’il ne l’explique. Pourquoi donc les philosophes ?
L’exploration de la vie nous fournit savoirs et expériences et c’est munis de ces bagages que nous cheminons jusqu’au bout de nos contrées inconnues. Car c’est vivre. Et penser c’est vivre aussi. Et seulement vivre. En somme, être dans la vie c’est à la fois subir et réagir. Le tout occasionné, poussé par la nécessité ou le besoin d’une part, par les surprises du hasard, d’autre part. Par où commencer ? La vie est un foisonnement et la question que se posent les hommes, peut-être inconsciemment, est : « Comment la maîtriser ? » Elle est concomitante avec le déroulement de l’existence. En connaissez vous beaucoup, Socrate, qui commencent par « Qui suis-je ? ». Ne serait-ce pas plutôt : « Comment vais-je réussir ? » ou encore : « Comment subsister ?… Comment ne pas être contraint ?… Comment faire ce qui me plaît ?… Faut-il se taire ou combattre ? » Est-ce que Paul Ricœur et Jacques Derrida aident à y répondre ? Qu’est-ce que la « déconstruction » quand il faut lutter pour le bien-être des siens, par exemple ? O Socrate ! Pourquoi les philosophes, je te le demande ? Tu as connu la haine et la condamnation pour avoir voulu guider tes contemporains vers la liberté de penser, car tu les tenais pour tes semblables. La leur faire découvrir, car tu la savais en eux tandis qu’ils l’ignoraient ou l’oubliaient. Pourtant tu as sans doute été condamné par des poètes et des philosophes, entre autres. Tu as même été moqué par des philosophes ! Jésus aussi a été condamné par des religieux… Où donc se réfugie l’ « amour de la sagesse » ? Michel Onfray découvre et énonce l’a-théologie alors qu’elle se vit depuis la nuit des temps, depuis que les hommes ont inventé les dieux. N’est-ce pas l’a-philosophie qui s’impose désormais ? Laissons cela, querelle vaine.
Une aurore est toujours belle. Que le ciel soit chargé de nuages ou que l’horizon rosisse, la beauté tient autant dans la vision que dans l’inconnu et l’attente du jour qui va se lever. Puis il viendra et il faudra agir. La vie est action en même temps que perception. Elle se fabrique tandis que le geste accomplit, que les sens reçoivent et que la pensée s’échine à comprendre et à coordonner, d’autant que le cœur ressent. Et cela, à tous les instants. Respiration totale du corps, de l’esprit et de l’âme, dans un unique moment.
Les trois textes d'A-philosophie font partie d'une réflexion actuellement en cours, que je nourrirai volontiers de vos apports éventuels.
05:25 Publié dans A-Philosophie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : vive la vie, *de tout et de rien*, blog, perso, philosophie
Commentaires
Rien à rajouter... C'est vraiment bien dit. C'est un bonheur de lire de pareils mots...
Écrit par : Fabrice | 30 janvier 2006
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