19 septembre 2006
L'éternité provisoire
La nuit. Quatre heures trente. Sommeil brisé, déjà oublié. Pénombre dedans, nuit dehors. Silence dedans silence dehors. Même l’usine étrangère ne vibre plus. Ivresse ouatée d’un matin à peine commencé. Pas incertains pour éviter le bruit et les chocs. L’instant non choisi de l’éveil plonge dans un immédiat songe d’éternité. Point de saveur encore sous la langue, point de parfum capiteux et captivant. Point d’odeur, pas même celle du bitume mouillé. Point de référence météorologique tant la nuit est noire. Point de référence de vie tant l’esprit est nettoyé et libre. Point de sollicitation provisoire ou provocante. Solitude riche d’espoir caché. Les mots ne signifient pas encore. L’éternité s’évanouit quand l’horloge de l’église fait sonner son troisième quart d’heure. L’usine grince, le moteur des cloportes sur quatre roues ronfle. La rue s’emplit des mécaniques qui roulent toutes dans le même sens et le flot des habitudes se met à couler.
06:00 Publié dans Les Mots et Les Chants | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : vive la vie, littérature, poésie, blog
Commentaires
Joli moment , car on peux encore imaginer, espérer une douce journée à venir ..........
Écrit par : Debla | 19 septembre 2006
la nuit a toujours été mon élément le plus précieux... des années de travail de nuit... quand on arrive et que les autres rentrent chez eux... les bureaux se vident, une poignée de chanceux restent à eux seuls les maîtres du monde, se promenant de bureaux en bureaux, riant aux éclats dans le silence incongru de ses espaces désertés... parfois un téléphone qui sonne pour nous rappeler que nous sommes là pour les autres, pour leur donner assistance...
je suis tellement imprégnée de ses longues années derrière moi que la nuit est restée à jamais mon amie, ma confidente... je ne dors pas, je fais ma vie... parfois je colle mon oreille à la porte de la chambre pour entendre le ronflement de l'être aimé et me rassurer de le savoir plongé dans un profond sommeil réparateur et puis je repars à mes occupations, lecture, télévision, rêverie, écriture, sourires de me sentir si libre et si puissante dans la nuit noire !
des instants précieux à déguster, cher Rony, avant que l'aube ne pointe et que la vie du monde du dehors nous rattrappe...
Écrit par : holly | 19 septembre 2006
Encore des habitudes... 4 h. 30, en général, c'est à peu près l'heure où j'arrive à m'endormir enfin. Et je me lève tard, décalé dans le temps et l'espace.
Je t'espère une bonne journée Rony... Et puis une bonne semaine...
Écrit par : Fabrice | 19 septembre 2006
Très juste description, Rony, ce temps suspendu....
Écrit par : Fleur | 20 septembre 2006
A toutes et tous, ce sont des moments que l'on voudrait voir durer, à défaut d'éternité.
@ Debla et @ Fleur, au moins l'espoir d'une vie douce peut naître à ce moment là...
@ holly à déguster et savourer, en effet. Tu y ajoutes un brin de nostalgie très touchant.
@ Fabrice, je te souhaite bien sincèrement d'avoir à vivre de ces instants, même courts. Bon courage et amitiés.
Écrit par : Rony | 20 septembre 2006
Le bonheur tiens parfois, à des choses si impalpables... Tu es un heureux homme de savoir apprécier ces moments suspendus dans le temps...
Mais tout de même a 4h30, c'est difficile pour moi.
A cette heure là, je m'accroche a mon sommeil comme le naufragé à son morceau d'épave !
Écrit par : Deo | 21 septembre 2006
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