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26 novembre 2007

Vide grenier des mots (2)

Il nous arrive d’utiliser encore de « vieilles » expressions aujourd’hui. Je veux dire qu’elles ont un goût ancien, comme disaient mes grands parents : un goût de revenez-y.  Récemment j’ai employé l’expression « peu me chaut », c’était pour me faire plaisir, il n’y a pas de mal à cela ! « Chaut » me ravit, et pas seulement un peu… En vieux français, il a pris les formes de chielt et de chalt. Rien à voir avec le fait que cela me fait « chaud » au cœur. Rien à voir ? Peut-être un lointain cousinage, quand même ? Je me le demande. En effet, chaut est la conjugaison au présent de chaloir, vieux verbe issu lui-même du latin calere, qui signifie « être chaud » et fut utilisé par  Cicéron pour dire  « être sur des charbons ardents »… Chaloir voulant exprimer « avoir de l’importance », on peut penser qu’être sur des charbons ardents est un état provoqué par quelque chose qui a de l’importance. Cousinage lointain, mais quelques gouttes de sang de même origine, quand même. Tout le monde parle souvent de chaland, pas celui qui passe (issu du grec xelandion), l’autre, celui qui achète, qui s’écrivait parfois chalant. Il a de l’importance pour le commerçant. C’est un enfant de chaloir, lui aussi. Et le mauvais fils, celui qui n’accorde d’importance à rien, c’est le nonchalant. Il faut de tout pour faire un monde…

Mais que chaut et chaud soient cousins peu ou prou, je reste incapable de dire si c’est peu ou prou, au-delà du constat que nous  venons de faire.  Mais si c’est prou, cela devient intéressant. Cela pourrait signifier « beaucoup », par opposition à peu ! Oui, mais le jeu des contraires ne suffit pas. Prou fut prod puis prut, au sens de avantage ou abondance, eux-mêmes nés du latin prode (prodest), profit.  Filiation apparemment logique, en tous les cas intéressante.   Mais quid de beaucoup, alors ?

Ce sera pour une prochaine fois, lors d’un vide grenier, évidemment. J’aime bien fouiller dans ce genre de grenier à mots. On y trouve poésie et richesse.