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05 juillet 2009

Les voyages inutiles

 

Certains voyages ne sont pas toujours l’occasion de découvertes heureuses. « Vanitas vanitatum, omnia vanitas »… non ? Le voyage de retour sur le passé amène vers cette conclusion de l’Ecclesiaste. Peut-être ne devrait-on pas l’entreprendre, ce périple  vers un hier, dont on perçoit immédiatement qu’il se résume à redécouvrir des images de couleur poussière. Poussière vite éparpillée par toutes sortes de vents, souvent contraires, à bien y regarder. Ne demeurent, au retour de cette escapade, qu’un corps fatigué, un cœur usé et un esprit bien moins agité même s’il reste retors…. Toute une vie, pour se tenir debout, là, aujourd’hui, n’ayant moyen d’évoquer le passé et le futur que par une gymnastique de l’esprit, puisque, d’un instant à l’autre, il n’est possible que de demeurer dans le présent. A un point qu’on pourrait penser que l’espoir est, en conséquence, interdit. Difficile à accepter. Et pourtant. Au lever, ce matin, c’était un jour nouveau, dit-on. Oui et non… Un simple instant, nouveau, qui en  précède un autre pendant que change la couleur du ciel. Se souvient-il de la position des nuages à l’instant précédent, ce ciel ? Non. Il est. Voilà tout. C’est un animal pensant qui lui confère une « mémoire », en le réduisant à des descriptions, des calculs et des statistiques, par exemple, pour en déduire d’incertaines prévisions… En attendant, cela ne change rien à l’instant qui d’ailleurs, subrepticement, s’est fait la paire pour laisser place au suivant, lui-même en sursis de remplacement. Mais, qu’il le veuille ou non, l’animal pensant  ne se perçoit que dans le présent. Le seul voyage possible n’est que présent, toute autre tentative n’est que création aléatoire de ce qui n’est pas encore ou bien re-création de ce qui, définitivement, n’est plus. Et au soir d’une vie, peut-être qu’un voyage intérieur serait plus salutaire, moins bruyant, moins clinquant. A quoi sert, en effet, d’être vu et reconnu ? Notre siècle ne se trompe-t-i l pas ?