12 novembre 2006
Le vagabond et sa guitare
Hier matin, il est parti avec sa guitare sur le dos. Certains, comme les pèlerins, marchent avec un bâton, lui c’est avec sa guitare. Elle est un peu usée, en quelques endroits, près de la rosace, le vernis a disparu. Ce n’est pourtant pas sa première. La première il l’avait acquise avec un de ses premiers salaires. Il s’en souvient bien. Il travaillait à l’époque en tant qu’éducateur stagiaire pour enfants « inadaptés » comme on disait alors. Tout le monde vivait dans les dépendances d’un petit « château » de l’Oise, à côté d’un tout petit village. Et souvent, les éducateurs se réunissaient pour des soirées détentes, dans leur local. C’est là qu’il rencontra Maxime, un Réunionnais, grand garçon aux mains fines et habiles et qui jouait à merveille de cet instrument. Il communiquait sa passion pour la musique créole et pour le blues, au point que notre homme fut conquis et acheta une guitare. C’est Maxime qui l’initia et, par la suite, tous deux animèrent quelques fêtes. Maxime dut partir pour raison professionnelle. Quelque temps après ce fut le tour de notre jeune homme, pour effectuer son service militaire. Puis la vie se déroula comme elle put, il lutta contre elle parfois, pour rester lui-même et ne fit jamais de concession qui ne soit justifiée. Mais sa guitare le suivait partout. Il en posséda trois. Hier matin il est parti avec la troisième. Vers son nouveau destin, encore une fois. Avant qu’il partît, on l’entendit jouer et chanter le blues, comme il avait toujours fait. Sans doute remercia-t-il Maxime de lui avoir révélé cette passion. Personne ne sut où il allait, mais tous le virent déambuler jusqu’à l’horizon avec sa guitare. Il n’aurait pas pu continuer sa vie sans elle.
01:45 Publié dans Histoires sans histoire | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : vive la vie, littérature, blog, écriture
Commentaires
Il serait bien futile de croire que l'on a pas besoin des autres dans ce monde agité... c'est à chacun de nous de la reconstruire cette société, de rétablir cette communication, en apportant notre modeste contribution... une chanson, un morceau de guitare... je prends !
Écrit par : sdf de luxe | 12 novembre 2006
Ce petit village de l'Oise ne serait pas Fleurines ?
Écrit par : Stéphane Mettetal | 12 novembre 2006
la guitare sur le dos, il va à l'horizon
il chante la vie, le vagabond
il danse des mots de fête
et les étoiles couronnent sa tête.
il part le vagabond, raconter à la lune
le blues de deux mains brunes,
de la fraternité sans concession.
ils partent toujours les vagabonds,
à la poursuite de l'azur, leur horizon.
Bonne route, Rony!
Écrit par : kintana | 12 novembre 2006
Bon pour le moral ...
C'est ça qu'il jouait ?
Tu vois tous les blogueurs sont là même un dimanche !
la solidarité n'est pas un vain mot !
Courage .
Écrit par : khate | 12 novembre 2006
Il va falloir que je remette la mienne sur mes genoux, un de ces jours... A la prochaine muse, peut-être.
Écrit par : Fabrice | 17 novembre 2006
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