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24 avril 2007

L'oubli et la tentation

Je ne résiste pas à l’envie de faire partager cet extrait de «  La Mort heureuse » d’Albert Camus... Le bain, les sensations pour atteindre l’oubli du passé, mais aussi la tentation fugace, à laquelle on risque parfois de céder...   

 

" Il lui fallait maintenant s'enfoncer dans la mer chaude, se perdre pour se retrouver, nager dans la lune et la tiédeur pour que se taise ce qui en lui restait du passé et que naisse le chant profond de son bonheur. Il se dévêtit, descendit quelques rochers et entra dans la mer. Elle était chaude comme un corps, fuyait le long de son bras, et se collait à ses jambes d'une étreinte insaisissable et toujours présente. Lui, nageait régulièrement et sentait les muscles de son dos rythmer son mouvement. A chaque fois qu'il levait un bras, il lançait sur la mer immense des gouttes d'argent en volées, figurant, devant le ciel muet et vivant, les semailles splendides d'une moisson de bonheur. Puis le bras replongeait et, comme un soc vigoureux, labourait, fendant les eaux en deux pour y prendre un nouvel appui et une espérance plus jeune. Derrière lui, au battement de ses pieds, naissait un bouillonnement d'écume, en même temps qu'un bruit d'eau clapotante, étrangement clair dans la solitude et le silence de la nuit. A sentir sa cadence et sa vigueur, une exaltation le prenait, il avançait plus vite et bientôt il se trouva loin des côtes, seul au coeur de la nuit et du monde. Il songea soudain à la profondeur qui s'étendait sous ses pieds et arrêta son mouvement. Tout ce qu'il avait sous lui l'attirait comme le visage d'un monde inconnu, le prolongement de cette nuit qui le rendait à lui-même, le coeur d'eau et de sel d'une vie encore inexplorée. Une tentation lui vint qu'il repoussa aussitôt dans une grande joie du corps."

 

Pour ne pas céder, suffit-il de retrouver une grande joie du corps ?

 

 

Commentaires

La joie du corps va avec celle de l'esprit ...un esprit malade rend un corps mou et sans attrait ... alors il faut se battre , ne passe laisser entrainer vers le fond , mais au contraire tenir la tête hors de l'eau ....le corps suivra forcement ....

Écrit par : debla | 24 avril 2007

Je savoure tellement cette description que je ne peux imaginer une autre tentation que celle de me laisser glisser avec le moins de résistance possible, bras dans le prolongement du corps … puis sentir cette poussée qui me ramène vers la surface, qui me rapproche du miroir de l'eau …
Un bonheur de lire ce texte en sortant de l'entraînement.
Merci

Écrit par : Sar@h | 24 avril 2007

Sous "grande joie du corps" je lirais "instinct de survie"...
et dans ce cas là, la réponse serait: oui.


C'est dans la tête, et pas ailleurs, qu'une joie doit germer.

Si on lui permet de devenir "grande joie" sans la brimer, d'atteindre l'âge de raison à son rythme, quelle belle pante se sera!!

Écrit par : Marie | 24 avril 2007

Zut: plante pas pante

Écrit par : Marie | 24 avril 2007

Bizzarre,je trouve ce texte très sensuel ,limite érotique.
Pourtant ce n'est pas l'idée.
Ce n'est pas une critique juste mon ressenti....
Affectueusement.

Écrit par : alice | 26 avril 2007

c'est marrant j'ai pensé à Sarah en lisant ce texte et me disais que ça lui plairait sûrement=))

se laisser couler , puis remonter doucement à la surface oui c'est l'instinct de survir qui réagit je crois!

c'est grisant de se laisser glisser vers le fond , vers un monde inconnu , mais le corps flotte par nature donc ne pas aller contre son esprit, ne pas se laisser sombrer, mais au contraire , vivre!!!

Écrit par : anne | 26 avril 2007

Se battre, oui, mais quand le corps en même temps que le coeur se sentent attirés vers le bas, la tentation est grande. C'est vrai, il faut plutôt regarder vers le soleil, se battre encore et toujours... ça devient une fin en soi, et c'est triste.

Écrit par : rony à debla | 05 mai 2007

En relisant ce texte, j'ai pensé qu'il vous plairait, pour d'autres raisons que les miennes !! Je ne me suis pas trompé.

Écrit par : rony à Sar@h | 05 mai 2007

L'instinct de survie parfois s'émousse, c'est la le danger... Dans la tête, justement, c'est le plus difficile, je l'admets...
Après tout, pourquoi pas l'espoir, mais... le temps que cela germe dure...

Écrit par : rony à Marie | 05 mai 2007

J'avais pensé aussi à Sar@h.
Vivre dis-tu. C'est ce que nous faisons tous, mais le monde des sensations est un autre onde que celui du coeur et de la pensée... Vivre, ce serait de pouvoir accorder les deux.

Écrit par : rony à Anne | 05 mai 2007

Je n'ai pas pris ton commentaire comme une critique.
C'est vrai que ce texte peut paraître sensuel. Ton ressenti ne m'étonne pas, il y a de la vérité dans ce que tu dis.
Cette sensualité est conforme à la nature humaine.
Pour ma part, j'ai fait mon deuil dans ce domaine depuis trop longtemps. Et le plus difficile à vivre, c'est de se dire que c'est aujourd'hui devenu définitif... Mais pour toi et les autres, c'est un signe de vie !
Avec mon affection profonde.

Écrit par : rony à alice | 05 mai 2007

Les commentaires sont fermés.