14 septembre 2007
Question banale
On peut se demander ce que tout cela veut dire. Je m’explique. Vous connaissez la réflexion de sens commun : « Un mot en entraîne un autre, et, forcément, les mots finissent par dépasser la pensée. » Et ensuite ? Qu’a-t-on expliqué, en définitive ? Rien, à moins d’admettre que les mots soient indépendants de celui qui les prononce. Vous y croyez, vous ? « Excusez-moi, mais je n’ai pas réfléchi à ce que j’ai dit. » Ou bien « Je ne pensais pas ce que j’ai dit. » Ah bon ? Mais d’où vient donc ce que vous avez dit, sinon de vous ?
Dans un autre domaine, lorsqu’on fait quelque chose et qu’au vu des conséquences, souvent dramatiques ou tristes, on vous annonce, si vous êtes victime : « Je ne voulais pas cela. » Ah bon ? Mais que vouliez vous donc ? Pourquoi cet acte si ce n’était pas votre volonté, votre décision ? Je trouve que souvent, avec ce genre d’expression, on s’en tire à bon compte ! Un vide de la franchise qui dispense de se justifier ou d’expliquer. En y réfléchissant bien, c’est une bonne façon, parmi d’autres, de fabriquer des malheureux. Vous ne croyez pas ?
14:25 Publié dans A-Philosophie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : vive la vie, *de tout et de rien*, blog, perso
Commentaires
Pas si banale que ça la question!
Tes remarques sont très justes et c'est vrai que je me dis "pourquoi?".
Je ne jetterai pas la première pierre parce que je suis une incorrigible bavarde et il m'arrive de dire à haute voix ce que je pense, vraiment sans le faire exprès, c'est très gênant pour tout le monde, mais c'est ainsi.
Cette "inattention" m'a coûté cher parfois, mais ...
Écrit par : Lhuna | 14 septembre 2007
Cela peut couter cher, mais au moins tu dis ce que tu penses, tu ne te réfugie pas derrière une formule d'excuse toute faite et lâche. Moi aussi, d'ailleurs, j'ai payé très cher ma franchise... c'est inévitable, dans certaines circonstances. Mais je persiste à dire qu'il vaut mieux être soi-même, sans tricherie. Non ?
Écrit par : rony à Lhuna | 15 septembre 2007
Je crois que le plus difficile c'est de blesser les personnes que l'on aime, parfois en voulant juste faire un " bon" mot qui est mal perçu à ce moment là.
Dans les moments de crise maintenant j'essaye de me taire, cela ne sert déjà à rien de répondre à des gens en colère qui crie.
Mais après je dis ce que je pense en ayant plus ou moins peser mes mots; et parfois je les choisis bien méchants.
Etre francs dans notre monde c'est aussi souvent perdre des amis. Et la plupart du temps on a peur de se retrouver seul(e)s .
C'est un choix, j'allais écrire "de vie".
Écrit par : May | 15 septembre 2007
Intéressantes remarques, effectivement. En ce qui concerne le langage, je dirai que tout ce qui a été dit a été pensé. Ce qui est d'ailleurs intéressant, c'est de pousser les gens à bout pour les forcer à se révéler. Les mots qui précèdent l'excuse "j'ai dit cela sous le coup de la colère" sont souvent les plus révélateurs et même, pourquoi pas, les plus sincères et par conséquent dignes de curiosité. Mais bien évidemment, cela peut parfois blesser, très durement même.
Après, l'on peut aussi admettre que la maladresse du langage ou de la personne qui tient tels ou tels propos puisse être mise en cause, auquel cas, effectivement, le coup du "ce n'est pas ce que je voulais dire", peut-être plus ou moins recevable.
Et la condition de la maladresse me ramène à votre deuxième paragraphe, présentant une tout aussi ridicule excuse, souvent entendue et qui, je pense, ne peut-être recevable que de la part d'un enfant. Là, la maladresse dans un acte, une mauvaise blague par exemple, peut expliquer le manque de prévoyance quant aux conséquences. Mais certainement pas dans le cas d'un adulte qui, en toute logique doit très bien être conscient que lancer droit son bolide sur une vieille dame à caniche peut avoir des conséquences désastreuses. Ou alors c'est tout bonnement que je perds le fil et méloigne du propos d'origine, je ne sais pas trop, huhu.
Écrit par : Mike | 15 septembre 2007
Je crois que l'on a de multiples intentions plus ou moins inconscientes qui viennent parasiter nos paroles et que l'on a du mal à le reconnaître. Il faut un long travail sur soi pour les reconnaître et les éliminer ou les assumer.
Écrit par : enriqueta | 15 septembre 2007
@ toutes et tous
je vais là aussi réunir vos commentaires et essayer d'en faire un... petit quelque chose.
Vous me faites réfléchir plus que je ne m'y attendais ! C'est bon signe.
Écrit par : rony | 16 septembre 2007
@ Rony.Tu as l'art de poser les bonnes questions ! Et si l'âge y était aussi pour quelque chose ? On n'a plus de temps à perdre avec des gens qui ne nous apportent rien, qui ne nous aiment pas, qui bouffent notre temps et notre vie pour s'occuper, se mettre en scène... alors on dit ce qu'on pense sans fard, ça passe ou ça casse... En revanche, avec ceux qu'on aime, évidemment, il faut être prudent, de toute façon, le dialogue peut toujours s'installer quand il y a de l'estime...
Écrit par : claudine | 17 septembre 2007
Je suis bien d'accord, d'ailleurs dans les cas que tu évoques (l'âge, les proches), que l'on parle sans fard ou avec précaution, on ne se "rétracte" pas avec les formules citées dans le billet. Je souligne quand même que le franchise est uin bien, selon moi. Autre question que je me pose... le silence est-il de la franchise ?
Écrit par : rony à claudine | 18 septembre 2007
Imbibés que nous sommes de culture Judéo-Chrétienne, comment ne pas penser à la lecture de ta réflexion à la notion de "faute".
Etre dans l'erreur, se tromper, échouer, faire du mal (sciemment ou non), désobéir, tout çà est associé à la "faute".
Aujourd'hui, comme hier, il est donc de bon ton, voire presque "naturel" de culpabiliser celui ou celle "coupable" de ce pécher et ce, dès la maternelle.
Qui aime se sentir coupable (à tort ou à raison)?
Je crois qu'il n'est pas donné à tout le monde d'accepter d'être (ou d'avoir été) dans l'erreur.
Lorsque cette dernière est manifeste, je crois que le premier réflex (du fait de nos valeurs morales) est de se considérer comme "sale", impropre, impur.
Alors tous les moyens sont bons pour pouvoir se "respirer" à nouveau. Le premier d'entre eux, le plus fréquemment utilisé je crois, est celui que tu décris. Il s'agit d'inverser les rôles, de devenir "victime", d'amener l'autre à pleurer sur soi afin d'être "pardonner" de ses manquements.
Le "pardon" lave, purifie, répare la "faute". En d'autre terme, c'est atterrir au paradis, l'enfer n'existe plus.
C'est ainsi que je comprends les choses..., mais ne me fait pas les accepter pour autant.
Écrit par : Nothing | 11 juin 2008
Les commentaires sont fermés.