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13 septembre 2007

Refuge

La voiture roule depuis un bon moment. Je viens d’éteindre les phares. Le ciel est maussade, il étale ses nuages lourds, du blanc au gris foncé. Je rêve des fleurs dans les fossés qui bordent la route. Mais ils ont été tondus et n’offrent plus qu’un triste tapis jaune, brun et vert sans aucun attrait. Les bosquets proches et les forêts au loin montrent un même fouillis sombre qui tranche sur la terre des champs et le vert des prairies. Et, devant, la route grise. Comme pour ajouter à la mélancolie, il se met à bruiner. Les gouttelettes s’écrasent  sans bruit sur le pare brise et m’obligent à mettre en fonction l’essuie glace qui grince désagréablement. Le temps me paraît long. J’ai évité l’agglomération de Nancy et me dirige vers Dijon. Après quelques kilomètres, je quitte l’autoroute en direction de Vézelise. Je m’éloigne de la vie courante. J’erre sur les routes comme j’erre dans mon existence. Influx nerveux minimum, pas d’envie. Nous sommes début septembre et déjà les senteurs et les couleurs de l’automne se répandent. J’ai peur à l’avance du prochain hiver, je voudrais balayer tous mes souvenirs, m’enfermer dans un refuge nu et blanc, vivre en spartiate, débarrassé de toutes les scories du passé. Je m’y efforce sans y parvenir tout à fait. Et chaque fois, après quelques pas en avant, la chute est rude. Mais il faut se relever. Et repartir, recommencer. Je traverse Cintrey, puis Omelmont. J’y ai retrouvé des souvenirs d’enfance et d’adolescence bien lointains. Puis la colline apparaît. Je vais aller m’y reposer. Sion-Vaudémont. « La colline inspirée » de Maurice Barrès… qui n’est pas mon maître à penser, mais dont le livre m’a enchanté dans ma jeunesse. Ce lieu est pour moi un havre de paix, en dehors des pèlerinages. Souvent balayé par le vent, il se dresse au milieu d’une immense plaine. J’en parlerai peut-être ici. Pour l’heure, j’ai besoin de m’y réfugier.

Commentaires

J'ai habité plusieurs villes dans ma jeunesse, quand j'y suis retournée, je ne retrouve plus rien. Tout a changé, maintenant je n'y retourne plus. Et pourtant comme j'habitais dans des lycées, normalement Je devrais avoir mes souvenirs qui reviennent, là dedans ça ne change pas trop... Ben non, rien que dalle, j'en arrive à me demander si j'ai de bons souvenirs, ou si ils sont tous pas terribles, et que je ne veux pas m'en rappeller. Tout simplement. C'est triste hein !!!

Écrit par : May | 13 septembre 2007

Jolie blog

Écrit par : chantilly | 13 septembre 2007

bonjour.
Très beau et nostalgique texte. Mais où as tu pu trouver en ce moment un tel temps de chien? je ne vois sur les cartes météos que bleu azur et feu astral.
serait-sur une autre planètes?
cordialement.

Écrit par : vincent | 14 septembre 2007

@ May

Il arrive que l'on cache au fond de sa mémoire les mauvais souvenirs, mais, à mon avis, ils sont toujours présents. Ne pas vouloir les laisser resurgir, c'est triste, bien sûr, mais faut-il le pouvoir ! Il est aussi triste de ne pouvoir les chasser, parfois.

à chantilly
Merci chantilly. Je viendrez vous voir chez vous.

@ vincent
merci. C'est pourtant le temps qu'il faisait au moment où je l'ai vécu...

Écrit par : rony | 14 septembre 2007

J'aime ce texte mais beaucoup trop triste, comme l'on peut être avec l'arrivée de l'automne. J'ai envie de voir le soleil moi, pas la pluie ou la nuit....

Écrit par : elisabeth | 14 septembre 2007

Terre à terre, la voiture c'est pour aller d'un point à un autre (boulot, courses, conduire l'ado, etc.) Quand j'erre, j'utilise le vélo, ça pollue moins. Je peux m'arrêter comme bon me semble, humer l'air du temps et faire des rencontres.
Ce soir j'ai croisé le cycliste d'handisport qui s'entraînait, la semaine dernière il m'avait doublée, ce soir comme la semaien passée, nous nous sommes salués. La voiture on y est enfermé comme la cage de Faradet.

Écrit par : Sar@h | 14 septembre 2007

Je préfère aussi le soleil, mais, comme tout le monde, je ne fais pas la pluie ni le beau temps. Trop triste, oui, mais il y a des lueurs d'espoir, ce lieu que j'aime entre tous m'y aide, justement. Merci de votre visite.

Écrit par : rony à elisabeth | 15 septembre 2007

C'est vrai Sar@h, mais cette fois j'ai pris la voiture pour me rendre sur cette colline où, précisément, je respire et retrouve des personnes qui aident et aiment les autres. C'est un besoin chez moi, quand tout va mal. Ce lieu n'est pas un sanctuaire, pour moi, mais, je l'ai dit, un havre de paix et, aussi, une source vive

Écrit par : rony à Sar@h | 15 septembre 2007

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