19 juin 2007
Un poème de René Char
Merci à Sar@h (voir lien colonne de gauche), qui sait lire dans l'âme, de m'avoir fait ce cadeau.
Allégeance
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus, qui au juste l'aima?
Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.
Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus, qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas?
René Char
Extrait de
"Eloge d'une soupçonnée,
Poésie/Gallimard"
08:45 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : vive le vie, poésie, blog, perso