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02 avril 2007

Nouveau départ...

Il se demandait s’il lui restait des histoires à raconter. Cette impression d’un vide absolu s’était emparée de lui dès la séparation. Un néant, mais il n’aimait pas le mot. Et depuis, tout tombait de Charybde en Scylla. Comme si c’était l’ordre des choses. Que rien ne pouvait plus aller comme avant. Tristesse du silence, de l’échec et de l’incapacité totale. Il n’était plus l’homme « d’avant ». Il n’était plus. Il existait seulement, sans plus. Mais alors, pour quoi faire ? S’être fait jeter avec l’eau du bain ne l’encourageait pas à travailler. Il n’avait plus rien à dire, rien à raconter. Stérile. Rien à faire lire, rien à montrer, rien à faire écouter. Coincé. Comme dans un piège à rat. Meurtri, détruit. Le cœur et les os cassés, rompus. Feuille blanche. Écran vide. Il fallait recommencer autre chose. Il doutait en avoir la volonté suffisante. Surtout que rien ne l’attachait plus à rien, depuis « l’accident » qui l’avait précipité dans le vide…

Il ne s’agissait plus d’espérer en demain. D’attendre le miracle. Regarder ailleurs, détourner le regard pour ne pas voir le désastre. Pour éviter de l’évaluer. N’avoir pas de décision à prendre. Se laisser exister sans objectif, sans chercher une bonne raison. Même minimale. L’attitude de l’autruche.

La quasi-certitude de ne pouvoir réagir. Ne pas pouvoir, ne pas savoir comment s’y prendre. Il était à terre. Conscient. Pas K.O. Conscient, mais muet, paralysé. Il respirait seulement. Tout le reste était en miettes. Mais il ne voulait pas que « ça vienne tout seul », que « ça vienne d’ailleurs ». Il n’admettait pas qu’on lui explique que « c’est la vie », que c’est « venu par la force des choses », « qu’on n’y peut rien ». Quelles blagues ces affirmations. Du vent. Du prémâché destiné à ne rien expliquer, destiné à faire avaler que ce sont des raisons externes qui poussent au malheur. Le « destin »… ! Quelle comédie ! C’est un être humain qui a décidé qu’un autre devait souffrir. Même sans le vouloir. Pas le « destin ». Fumisterie que tout cela. Il fallait donc réagir.

Et bien, cet autre, les autres, il allait continuer à les aimer. Avec son vrai cœur tout meurtri qu’il soit. Cela n’aiderait sans doute pas à cicatriser la plaie vive ouverte à l’intérieur mais lui permettrait de fonctionner quand même. Le faire battre pour ce pourquoi il était fait. C’était cela réagir. Pas attendre il ne savait quoi. Il allait s’y tenir, au lieu de se lamenter inutilement, de se plaindre de son sort, même s’il ne l’avait pas choisi. Aimer, le seul mot, le seul sentiment, le seul levier, la seule arme auxquelles on pouvait, on se devait de croire. Parce que ce mot « dit » quelque chose, il ouvre aux autres. Il évacue l’ego, le nettoie. Même en solitude on peut aimer. C’est cela réagir. C’est être déraisonnable, et cela fait du bien, la déraison. C’était sa décision et il n’en changerait plus. Quoique les autres en pensent… D’avoir fait ce choix le rassure. Il revit maintenant. C’est la souffrance qui alimente cet amour, ce don. Le don de soi. Ne rien attendre. Voilà tout.

 

Commentaires

Rony,
Décidément, nous sommes sur la même pente.
Le même sentiment d'inutilité m'étreint parfois.
J'en suis aujourd'hui au même point qu'il y a 10 ans, du moins en termes de signes extérieurs de bonheur (argent, amour, enfants).
A l'intérieur, c'est une autre Sophie, fragilisée par les blessures de la vie mais plus humaine. Meilleure, je crois.
Encourageons-nous mutuellement, l'escalade sera moins difficile !
Je vous envoie toute mon affection, Rony.

Écrit par : Fiso | 02 avril 2007

Refuserais-tu qu'on t'aide ?
Tu ne le peux pas , on viendra te chatouiller les pieds un peu tous les jours jusqu'à ce que tu retrouves le sourire .

Écrit par : khate | 02 avril 2007

nous avons besoin d'aimer. quand on a aimè plus que tout. rien ne peux enlever ce sentiment. tout ce qu'on peux faire c'est de continuer à le faire même différemment. ne plus regarder en bas mais lever la tête et continuer sa route.
toute mes amitiès, bisous

Écrit par : melancoly | 02 avril 2007

Comme toujours ces mots qui touchent en plein coeur.
Mon dieu comme je me retrouve dans cet écrit.
Mais nous devons etre des milliers a se reconnaitre ici.
Tu sais si bien mettre les mot sur nos maux.Affectueusement.

Écrit par : alice | 03 avril 2007

Fiso, que ces chemins sont difficiles, les pentes sont raides et les cailloux blessent... Etre plus humain, sans doute. Escalader ensemble parce que nous ne sommes pas seuls.... je veux bien le croire. Mais avoir vécu les mêmes coses, les mêmes accidents à plusieurs n'empêche pas d'être seul, à l'intérieur... et c'est cette aspérité qu'il est le plus difficile de gommer. Y parviendra-t-on jamais ?
Vous ? ou Tu ?
Bien à toi

Écrit par : rony à Fiso | 05 avril 2007

Je te disais que tu étais forte, tu me le prouves encote une fois. Sais tu que ton courage a souvent dynamiser le mien... avec des hauts et des bas bien sûr, mais quand même.
Aimer quand même et autrement, tu as raison.
Pour ta part, tiens le coup, je suis avec toi.
Bisous d'amitié.

Écrit par : rony à melancoly | 05 avril 2007

Alice, c'est vrai, nous sommes sans doute des milliers à ne pas savoir pourquoi... à "subir", mais le nombre n'enlève rien à la solitude. Je ne sais pas si c'est ton cas.
En tout état de cause, les mots ne changent rien à la souffrance, tu le sais. Malgré tout, prends soin de toi, malgré la souffrance, il faut essayer de ne pas "s'oublier"... J'ai l'air un peu godiche de te donner ce conseil, car tu n'écoutes personne et que j'ai du mal moi-même à me l'appliquer ! Qu'au moins cela te fasse un peu sourire.
Profonde affection

Écrit par : rony à alice | 05 avril 2007

Aïe, je suis très chatouilleux !!!
Non je ne refuses rien, mais il est difficile de ne pas se terrer parfois, pour cacher une certaine douleur, non ?
Au contraire, j'essaie de franchir ce mur, de combattre cette tentation. Tu connais bien ce genre de lutte, pour d'autres motifs.
Bien à toi.

Écrit par : rony à khate | 05 avril 2007

Seuls jusqu'à la prochaine rencontre, Rony.
Parce que malgré les maux et les mots, nous y croyons encore.
Ne pas se chercher dans les yeux de l'autre, c'est peut -être ça la clé du bonheur.
Car même entouré, on est toujours seul, Rony.
Au fait, c'est "Tu". Merci.

Écrit par : Fiso | 05 avril 2007

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