27 novembre 2008
Les copains d'abord
Trois au bois de Vincennes, un à Clichy, je crois. Deux cent soixante cinq pour les uns, deux cent soixante quinze pour les autres. Enfin, environ trois cents tous les ans, quelle que soit la saison. Vous avez remarqué ? Ce sont des chiffres. Des résumés en chiffres, sur les pages d’un journal, ou dans la bouche d’un présentateur de journal télévisé ou radiodiffusé, ou dans celle d’un politique. A ces chiffres froids, on ajoute : morts. Effet “tristesse de situation”… si on peut dire. Mais quoi ? Qui ? Comment ? Les sans domicile fixe, dit-on. Où se trouve donc le mot “ homme” ? Ah ben voilà ! La belle affaire. Et ça recommence tous les ans. Comme les restos du cœur. En langage journalistique on appelle marronniers ces anciennes “nouvelles” qui reviennent à dates fixes. Autre terme, fermement engagé, dans la littérature journaleuse et politicienne, ces temps ci : “les bénéficiaires” des restos et/ou des centres d’hébergement. Ils en ont de la chance ! J’ai la haine, contre moi pour commencer. Parce que je râle que cela fait plusieurs jours que ma bagnole ne démarre pas… et que je ne peux pas la réparer. Eux ils n’ont rien ! Les sans abris, on dit, je crois. Si, en fait, ils ont quelque chose, leur dignité. Mais ça ne tient pas chaud, ça ne nourrit pas non plus. Et ça ne loge pas forcément, non plus.
Alors Madame Boutin dit, avec sérieux, « on réfléchit pour savoir si on va les obliger… », ben voyons ! Pour les protéger du froid, c’est bien, pour les cacher aussi, non ? Et puis, dans le même temps, la “justice” condamne le DAL à une amende de 12 000 € pour, je cite : « avoir commis quatre infractions de quatrième catégorie en "embarrassant la voie publique en y laissant des objets » (Le Monde.fr, le 26.11.08, lisez l’article). C’est le Code Pénal qui le dit ! Mais il s’agit d’encombrement de la voie publique par des détritus et des gravats. En décembre 2007, rue de la Banque à Paris, il s’agissait de tentes et de sacs de couchages pour les sans logis ! Bonjour l’amalgame… et où est la “dignité”, là, sinon écrasée par la “justice” ? Et où vont aller les 12 000 € ? Et si on s’avise de récrier, madame Boutin hausse les épaules en affirmant que c’est de la “démagogie” ! Ce n’est pas tout, le Tribunal de Police de Paris condamne les Enfants de Don Quichotte à la confiscation de 198 tentes ! Pour en faire quoi ? C’est peut-être ça le “plus d’État” pour les miséreux, non ?
A propos d’État, hier soir je suis passé par toutes les couleurs de l’arc en ciel pour finir par rire jaune. Après la visite de deux amis venus me rejoindre pour tenter de débrouiller quelques problèmes rencontrés récemment par des personnes en difficulté (inutile de dire que nous en avons profité pour “refaire le monde”, comme il se doit), je me suis intéressé à une émission télévisée, “Ce soir ou jamais”, sur FR3. Je ne la résumerai pas (elle est visible sur france3.fr, pendant quinze jours, je crois). J’ai écouté tout ce qui s’est dit sur la pauvreté, les 100 000 mille sans abri, le Rmi, le Rsa et tout et tout ! Une participante m’a interpellé notoirement. Il s’agit de la présidente d’Alternative Libérale. Elle a commencé par dire que, c’est vrai, il fallait faire plus. Un bon point pour elle. Ensuite, dans la discussion, je l’ai entendu dire, qu’il fallait donner plus de moyens aux associations pour les aider à éradiquer la pauvreté. Autre bon point. Mais, eh oui, il y a un mais, « les Français sont radins » (citation !), c’est à eux, en somme, de faire plus de dons, parce que l’État ne peut pas « tout faire », c’est aux associations que revient cette tâche, pas à l’État. D’ailleurs, c’est le système de protection français qui crée la pauvreté et le chômage! Et que si on laissait faire les entreprises, elles pourraient licencier plus facilement, et ben, logique imparable, elles pourraient embaucher ! En somme, répété-je. Je résume son discours, là, évidemment. C’est ce qu’on appelle de l’alterlibéralisme, il paraît. Furieusement ressemblant à du Madelin ou du Baverez, non ? Vous savez, les aficionados de l’autre libéralisme. Avec des recettes pareilles, pas sûr que ça réchauffe, nourrisse, loge ou donne un travail décent à tout le monde, ça !
C’est un coup de gueule, mais cela devient fatiguant. Je pourrais faire plus long, mais c’est déjà un peu trop, pour aujourd’hui. On y reviendra, parce que, merde, ça suffit tout ça ! Et je sais de quoi je parle. Cela n’arrive pas qu’aux autres, croyez-moi, je l’affirme pour avoir pu apprécier le confort de ma vieille voiture pendant plusieurs mois, à cause de ce qu’on appelle pudiquement les accidents de la vie. Y en a sûrement qui vous font des croche pied, non ? En attendant, il ne suffit pas de rouspéter, certes, mais accepter des discours et des actes contre nature – contre la nature humaine – ça non !
Georges Brassens chantait : “Au bois d’Vincenn’s , y a des petit’s fleurs, y a des petit’s fleurs, Y a des copains, au, au bois d’mon cœur, au, au bois d’mon cœur…, alors, pas d’hésitation, “Les copains d’abord”
14:30 Publié dans Élucubrations, coups de gueule, politique, société | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : vive la vie, politique, blog, *de tout et de rien*
Commentaires
Si je n'ai pas tout compris de la précédente note … J'adhère pleinement à celle-ci. Moi, j'en ai un peu marre. Je prônerai plutôt pour partager directement avec les personnes. Comme une impression que pour certains, l'intérêt de la vie, c'est le fric. Je ne nie pas qu'il en faille mais l'humain me semble plus digne d'intérêt.
Écrit par : La Dame de Nage | 27 novembre 2008
Et oui Rony c'est du "foutage de gueule" cette BOUTIN qui n'a rien trouver de mieux que de parker les SDF en leur enlevant le peu d'identité qui leur reste et surtout cette liberté d'aller et de venir comme ils le veulent en se donnant le droit d'être encore des hommes et non des choses qui font honte et dont on s'arroge le droit de décider de leur sort. Honte à tous ces hypocrites et donneurs de leçon.
Oui Rony tout peut arriver, personne n'est à l'abri. Alors que diable un peu d'humanité, de gentillesse. Mais surtout que l'on arrête de nous culpabiliser, la belle affaire, en nous traitant de radins. Radins en vertu de quoi ? Quand déjà il faut commencer à se protéger puisque le gouvernement nous déshabille chaque jour un peu plus et aussi protéger nos enfants. Car demain lalalalère sera une autre chanson et il ne faut pas compter sur les socialistes du moins c'est l'opinion que j'en ai du peu que j'ai vu. Allez c'était le coup de gueule de Mère mi, je vais aller me calmer en lisant un bouquin.
Bonsoir Rony, mes amitiés.
Écrit par : Mere mi | 27 novembre 2008
Baverez ? connais pas...mais j'aime bien l'alterlibéralisme.On est dans l'alter mais on ne le sait pas : de quoi nous plaignons-nous finalement...
Écrit par : Rosa | 27 novembre 2008
Bonjour,
Je viens de lire un article datant de 2002. Patrick Declerck y est interviewé et apporte un regard et des explications très complètes sur le processus de clochardisation.
Âmes sensibles...
http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=20
la suite ici
http://nopasaran.samizdat.net/article.php3?id_article=85
Merci pour votre article qui interpelle la conscience de chacun.
Cordialement
Écrit par : Passage | 28 novembre 2008
Il y a aussi le livre de Declerck qu'il faut relire absolument : "les Naufragés" car il montre l'ampleur du problème. Il y parle déjà de la moraline qui consiste à en parler beaucoup et à ne rien faire. Comme il le dit, les associations font du bon boulot mais elles ne construisent que des solutions ponctuelles alors que ce serait à l'état de construire des solutions structurelles, et l'état, c'est nous...
On donne des milliards aux banques qui ont géré les comptes de leurs clients en irresponsables et qui continueront de le faire, il suffirait de 100 millions d'euros pour loger les SDF. Je m'étonne que personne ne soit descendu dans la rue. Que de torpeur !
Écrit par : Amaury | 28 novembre 2008
Perplexe, tout simplement. Mais bon sang, c'est quoi tout ça ???
Écrit par : xavier | 28 novembre 2008
Oui, Rony, les copains d'abord.
Écrit par : xavier | 28 novembre 2008
Pour les 12 000 €, tu es sans cœur. La Ministre attend un événement sans(cent) papa(s), il faut bien qu'elle refasse sa garde de robe. Quoique si elle portait la robe de magistrat … elle n'aurait point besoin de changer !
Un seul conseil, Rony, tu as eu la "chance" de prendre ta retraite avant 70 ans, ne t'emporte pas trop dans tes coups de gueule. Il faut garder de la réserve sous le pied et être endurant pour continuer à les décrier. Ne leur offre pas ton cœur !
Moi, je me demande si leur vraie pensée n'est pas "mourir avant 70 ans"
Écrit par : La Dame de Nage | 29 novembre 2008
Le gouvernement Sarko assassine, lentement mais sûrement, l'esprit de solidarité mis en place après la deuxième guerre mondiale. Les objectifs : tuer ceux qui sont au dessous du seuil de pauvreté, appauvrir les pauvres pour qu'ils s'occcupent à survivre (avec deux emplois par exemple puisqu'un ne paît pas assez) et cessent de faire de la politique et enrichir les nantis. En parallèle, abrutir les masses en tuant l'école, pour pouvoir régner en maître absolu.
Écrit par : enriqueta | 29 novembre 2008
Il n'y a pas que Sarko qui est un épouvantail facile, il y a les banquiers, les patrons, il y a nous, qui entretenons la dynamique de la société actuelle en consommant souvent sans réfléchir.
Écrit par : Amaury | 29 novembre 2008
Rony
tu peux continuer avec tous ceux qui vivent dans leurs voitures ou leurs camionnettes, tous ceux qui vont être jeter à la rue ,tous ceux qui vivent au dessous du seuil de pauvreté et qui ne cesse d'augmenter....
la liste est longue....
l'important, cacher la misère
Merci Rony pour ta "visite"
Bisous
Écrit par : noelle | 29 novembre 2008
Je suis verte de colère.
Écrit par : La Fanchon | 29 novembre 2008
Dérision …
http://www.radiofrance.fr/franceinter/chro/lesevadesdufou/index.php?id=73890
Écrit par : La Dame de Nage | 01 décembre 2008
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