Le ciel était d'un bleu très pur, transparent. Il remarqua un vol d'oiseaux au dessus de la forêt. Marcher lui faisait un bien fou. Il avait repris ses promenades depuis quelques jours. L'automne approchait et il s'en voulait d'avoir cédé à son pessimisme, à sa déprime comme disait sa voisine. Une brave femme, ancienne fermière septuagénaire. Elle n'y allait pas par quatre chemins quand elle disait ce qu'elle pensait. De temps en temps ils se rencontraient, lui habitait un petit trois pièces, elle avait aménagé son ancienne ferme juste à côté. Il était revenu au pays depuis dix bonnes années, mais ne s'était installé au village que depuis quelques mois. Il s'y trouvait à l'aise, tranquille. Il en avait besoin. La vie l'avait pas mal bousculé et il aspirait à une grande paix. Sa mélancolie restait encore visible, sans doute, puisque la fermière l'a interpellé un matin sur ce sujet ! Il en fut abasourdi d'abord, puis avait fini par en sourire. Un coup de pied au cul salvateur, se disait-il avec un certain plaisir. Les quelques mots sentencieux de sa voisine l'avaient secoué. Il lui en était reconnaissant, sans lui dire ouvertement. Mais chaque fois qu'il pensait à son fils, il perdait son assurance et sa blessure s'ouvrait à nouveau, béante. Il ne savait pas ce qu'était devenu son garçon, comme il l'appelait souvent, bien qu'il eût quarante ans. Et cela, depuis une histoire de cœur qui l'a meurtri plus sûrement que s'il avait pris des coups. Il ne s'en était pas remis et, après quelques mois, il n'y avait pas très longtemps, il était venu le voir, lui avait raconté son histoire. Cette soirée fut pleine d'angoisse et de tristesse. Son fils était parti quelques jours plus tard, sans prévenir personne, pas même son père. Depuis, pas une seule nouvelle. Pas un signe. Père triste et inquiet, il tenta quelques recherches, pensant que la police ne l'aiderait pas. Ce fut inutile. Aucune piste. Il s'efforçait de lui trouver des excuses, il imaginait pour lui un nouveau départ, radical et volontaire. Mais il ne pouvait être sûr de rien. Pourquoi n'avoir pas prévenu, il l'aurait aidé du mieux qu'il pouvait ?
Il demeure dans cette attente pleine d'angoisse, aujourd'hui, non pas de le retrouver car son fils a enfin donné signe de vie, tout dernièrement. Non, angoisse de le revoir et de ne pas savoir quoi lui dire... Il ne sait quel sentiment domine en lui, joie, colère ou ressentiment. Il ne sait quel regard il posera sur lui, ce jour là, bientôt. Ni comment son fils le verra. Lequel devra comprendre l'autre, peut-être simplement l'entendre et en être heureux. Leurs retrouvailles sont proches, il est à espérer qu'elles seront une fête, même inquiète et nostalgique, et qu'elles resteront leur secret.
Commentaires
L'automne, le temps des tempêtes où tout chamboule dans nos têtes. Bientôt viendra l'hiver, le temps des longues veillées à tout se raconter … Ou ne rien se dire, en espérant que l'Autre comprendra ce silence.
Écrit par : La Dame de Nage | 28 novembre 2009
Je ne reste pas insensible à cette belle histoire qui peut se terminer par une reconnaissance du temps perdu, ou par la redécouverte de l'autre que l'on n'a pas oublié, mais qui a changé, c'est au détour de l'automne que se pose le problème du temps qui passe et souvent du temps perdu.
bien amicalement à vous
genevieve
Écrit par : genie92 | 29 novembre 2009
Il faut parfois au fil de la vie laisser parler le silence. Il dit ce que les mots ne savent pas traduirent.
( bonsoir Rony, il y a longtemps que je n'ai pas posé de mots sur l'un ou l'autre de tes blogs,mais je te lis régulièrement, bises amicales )
Écrit par : Débla | 29 novembre 2009
Debla et moi savons comme les histoires de fils peuvent être douloureuses, même si chacune est unique.
Ce sera une fête...
Ce ne sera pas quelque part du côté de Lyon ?
ça peut faire une deuxième fête !
Écrit par : Rosa | 30 novembre 2009
simplement l'entendre , et être heureux qu'il soit là
Je le souhaite pour toi Rony
Je t'embrasse
Un bisou aussi à Debla
Écrit par : noelle | 04 décembre 2009
l'automne peut être aussi une saison du renouveau, bien après, ou bien avant les bourgeons. Les fils s'éloignent, reviennent, c'est ainsi. Quand ils reviennent ça fait partie des bonheurs vrais de la vie. Bonne journée rony.
Écrit par : xavier | 06 décembre 2009
A toutes et tous, un grand merci.
Cette histoire, je tiens à le préciser est réelle, mais elle n'est pas la mienne...
je souhaite à ce papa que tout se soit bien passé, mais il ne me le dira sans doute jamais, bien que je le connaisse assez pour devenir son ami. Cela ne dépend que de lui.
Écrit par : rony à toutes et tous | 07 décembre 2009
Je pensais que c'était par élégance que tu écrivais à la troisième personne. Mais peu importe, que ce soit toi ou un ami, cela me touche pareillement.
Et tu as bien un fils près de Lyon ?
Écrit par : Rosa | 10 décembre 2009
ah ces histoires de fils...mais n'avons nous (mecs parmi nous) pas été des fils nous aussi ?
bon vendredi à tous les "papas" !
;-D
Écrit par : doume | 11 décembre 2009
Je passe par ici au hasard de mes lectures de blog etc, et me voici là, à lire ces quelques phrases, cette jolie histoire. Très belle et bien écrite. Belle sensibilité...
Bonne continuation !
Écrit par : Adrienne | 11 décembre 2009
Tu es un bon raconteur d'histoire et on t'a cru....
J'aime bien ton allée, très jolie photo
Bonne soirée Rony
Bises
Écrit par : noelle | 11 décembre 2009
Merci de tes passages cher Rony, je viens également voir si tu nous fais bientôt changer de saison, car en réalité, en ce moment, il vaut mieux regarder l'automne lové près du radiateur pour ne pas laisser s'échapper un brin de chaleur. J'espère que tu vas bien et que ton moral est au beau fixe !
bien amicalement à toi
avec mes bisous si tu veux bien
genevieve
Écrit par : genie92 | 13 décembre 2009
je suis toujours fans de ce que tu ecrie mon petit rony,continu a bientot
toute mon amities
Écrit par : jean-charles a rony | 14 décembre 2009
Père ou mère, fils ou fille, les inquiétudes qu'on a au sujet de nos enfants sont celles qui pésent le plus lourd sur nos coeurs et parfois sur nos vies.
Tu seras sans doute heureux d'apprendre que je viens d'être soulagée d'une angoisse longue de plusieurs années : mon fils ainé a enfin trouvé un vrai travail !
D'où ma joie récente ;-)
Bises Rony
Écrit par : Monette* | 15 décembre 2009
Je pense à ma fille dont je ne sais plus rien, je sais dans quelle ville elle réside, mais je n'ai pas son adresse. Je pense à mon dernier, mon petit garçon, qui, petit-à-petit, s'éloigne de moi... Ce texte est magnifiquement écrit...
Écrit par : Fabrice | 16 décembre 2009
A quand la prochaine note rony ? Je peux comprendre "un peu"… pour moi c'est la solitude qui m'a remise d'aplomb mais ces blessures sont s'y longues à cicatriser. Que 2010 nous apporte de nombreux billets car il est bien agréable de te lire.
Écrit par : La Fanchon | 21 décembre 2009
oh ! Je finis bien mal l'année, de cette Provence où je suis arrivée, je corrige ; si longues…
Écrit par : La Fanchon | 26 décembre 2009
Les commentaires sont fermés.