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12 mars 2007

Premier jour, première nuit, premier dimanche

Samedi 3 mars.

 Il y a quelques années, un samedi soir, était célébrée une fête des écoles. C’était la première fois que je tenais ma dame dans mes bras pour quelques pas de danses… Aujourd’hui, dans la même salle des fêtes municipale, a lieu une nouvelle « fête des écoles ». La dame va y danser, rire, boire et chanter tandis que je vais dormir pour la première fois chez moi avec ma solitude. 

La journée a bien commencé. Deux amis, Éric et Jean Luc m’ont rejoint pour m’aider à aller enlever au magasin un lit et une commode achetés la veille. Puis nous nous sommes rendus chez Françoise, une amie proche, pour récupérer un matelas et un sommier dont elle me faisait cadeau. Elle nous a offert un café sympathique et nous nous sommes détendus quelques instants en sa compagnie.

Ensuite, retour à ma grotte où nous avons procédé à l’installation sommaire des meubles. A midi, après un léger apéritif, je me suis retrouvé entre des murs silencieux, à confectionner mon premier repas  en solitaire, en écoutant le vent et les sonneries du clocher. Un enchantement teinté de tristesse… L’après midi, mes amis sont revenus pour terminer l’installation tandis que le propriétaire passait pour effectuer de menus travaux de finition..

Le soir, je me suis rendu à la salle de répétition pour la troisième fois de la semaine. Nous étions peu nombreux. Jean Luc était aux manettes et j’ai fait travailler deux chanteurs et une chanteuse pendant une heure et demie. Puis, jugeant que les efforts de chacun avaient été suffisants, Jean Luc (notre président) nous a débouché une bouteille de cidre et la soirée s’est achevée gaîment.

 Je suis rentré chez moi, incertain, avec une espèce d’appréhension irraisonnée… Le calme soudain me déstabilisait un peu mais je m’y complaisais. De toute façon, je n’avais pas le choix ! Des images de la fête des écoles tournoyaient dans ma tête et je tentais de les chasser tant bien que mal… Je me suis couché et j’ai ouvert un livre  dont j’espérai qu’il me tirerait de cette nostalgie triste qui commençait à m’envahir. Ce fut difficile. J’avais choisi. « un policier », pour ne plus avoir à penser, pour me laisser porter par une intrigue facile . J’ai eu du mal à y entrer. Mais peu à peu, plus que l’intrigue, le rendu psychologique des personnages m’a accroché et je m’abandonnai à la lecture. Je m’endormis tard dans la nuit.

 

Dimanche 4 mars.

Réveil vers six heures trente. Je n’avais passé pareille nuit depuis longtemps. Pas d’insomnie vers trois heures du matin comme ces derniers temps. J’ai pu voir le jour se lever dans un calme bienfaisant. Très vite le ciel a bleui. Une brume légère enveloppait le village. Le soleil jetait ses reflets sur le clocher, juste en face, et son rayonnement filtré par la brume colorait l’église d’un rouge léger et flottant. Le parfum du café frais acheva de diffuser en moi un bien-être que je souhaitais durable, mais je n’ai servi qu’une seule tasse…

Quand je suis sorti, la fraîcheur m’a saisi et je n’ai pu réprimer un long frisson. Il avait gelé car les carrés d’herbe étaient blancs de givre ainsi que les glaces des voitures en stationnement. Je suis monté au-dessus du village par la côte de Beauséjour et j’ai pu le voir naître sous les rayons du soleil qui chassaient la brume, petit à petit. Nouveaux instants, trop brefs, de pur enchantement. Premier dimanche, jour de soleil, je ne demandais rien de plus.

L’après midi, je suis « monté » aux cités, pour faire répéter deux chanteurs et surtout les aider à travailler leurs voix. Mais je m’y rendis à pied, avec un plaisir non dissimulé. Une halte au cimetière où reposent mes parents dans le caveau familial. J’avais en tête qu’il y reste une place et qu’elle sera pour moi, maintenant que je suis seul. Je suis reparti d’un pas tranquille, saluant quelques promeneurs qui profitaient aussi du beau temps.

L’avenir nous dira ce que demain sera, selon un adage populaire. Pour l’instant je me sens lourd de tristesse mais satisfait de pouvoir vivre dans ma grotte toute blanche et encore un peu vide… comme mon cœur.