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01 mars 2007

Enfin chez moi...

Le bail a été signé hier matin. Je suis chez moi à partir d’aujourd’hui. Quarante mètres carrés suffisent bien pour abriter une carcasse d’un mètre soixante treize et un cœur fatigué et presque vidé, en tout cas en léthargie. Espoir de repos et de calme, cependant. Deux belles pièces toutes blanches, que je vais devoir meubler  avec un soupçon d’avenir, beaucoup de simplicité et aucun souvenir. Ma guitare, peut-être, quand même… Un réduit cuisine aménagée et un réduit sanitaires. Pour le moment tout est vide, mais je vais y imprimer ma marque d’homme nouveau !

L’appartement de plain-pied fait face à la petite église, au nord, et au monument aux morts, à l’ouest. C’est le centre du village. Derrière l’église, la côte boisée dite de Beauséjour. Le calme. Le clocher égrène les heures et demi-heures et sonne l’angélus. Un rêve d’enfant enfin réalisé. En effet, enfant, j’avais déjà dormi dans cette rue, avant l’âge de dix ans. Un couple de fermiers acceptait de m’accueillir pour quelques nuits de temps en temps, lorsque je rendais visite à ma grand-mère qui résidait chez eux. Ils me réservaient toujours la même chambre. Je me souviens de leur vaste cuisine carrelée où trônait un gros fourneau et qui voisinait avec l’étable et la grange. Du poulailler, dans l’arrière cour. Et surtout de cette immense chambre au plancher disjoint, au plafond soutenu par de grosses poutres et du grand lit couvert d’un gros édredon sous lequel je me glissais avec un plaisir presque sensuel.

Le village se trouve à environ deux kilomètres à peine des cités où je suis né et porte le même nom. Une seule commune, dont la mairie se trouve à quelques mètres de chez moi… Le village est l’aîné, les cités n’ayant vu le jour que lors de la mise en exploitation d’une mine de fer aujourd’hui disparue. Je suis justement né dans la rue appelée « Rue de la Mine ».

Lorsque je me retrouvai seul, après l’état des lieux, un grand silence s’installa dans l’appartement et dans mon cœur. Ces pièces avaient déjà été habitées. Par quelle âme ? Une femme. Seule. Avait-elle vécu les vies de mensonges et de douceurs mêlées dont on prétend souvent que « c’est la vie » ? Avait-elle été gaie, triste, renfrognée, avenante ? Je ne le saurais jamais et aujourd’hui je prends sa place. La terrasse qui longe le mur nord garde les traces de l’existence d’un chien.

Je reviens ce matin aux préoccupations immédiates : meubler, repartir de rien. Recommencer.