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19 août 2006

Émotions

Je partais au travail, comme chaque matin. Ciel mitigé mais pas de pluie. Je traversais la cité voisine, à l’heure d’ouverture du marché. Du monde déjà, dans les rues et sur les passages piétonniers, qui se suivent à trente mètres d’intervalle. Arrivé au premier, après le feu vert, je m’arrête pour laisser le passage à un gamin qui déboule à bicyclette, sans regarder. Puis, de l’autre côté de la route, il me fait un geste d’impuissance et d’excuses et sourit. Je lui rends un signe amical. Au deuxième, un grand vieillard sec, imperméable et chapeau, cabas à main gauche et parapluie noir fermé à main droite, traverse et élève à bout de bras son parapluie en me remerciant d’un mouvement de tête affable. Au dernier, deux dames sont engagées, l’une petite et maigre, cheveux blancs, trottine difficilement au bras de l’autre, plus solide. La tête aux cheveux blancs se jette vers l’arrière et se tourne vers moi d’un air de contrition mais avec le sourire. L’autre dame me fait comprendre qu’elle se dépêche d’un bref geste d’excuse. Trois arrêts, trois rencontres, trois échanges entre parfaits inconnus. Croyez moi si vous voulez, j’étais ému, bon sang de bois !